Pérégrinations sur le Camino del Norte

En octobre-novembre 2008, mes jambes ont foulé un des chemins de Saint-Jacques, la Via de la Plata, de Séville à Santiago. En août 2012, c'est reparti pour le Camino del Norte, un peu plus de 800 km de marche entre Irun et Santiago ! Au fil de 30 jours de progression, j'ai tenu avec plus ou moins d'assiduité mon fidèle carnet de route (moins sur la fin, la fatigue et le ras le bol des carreteras prenant le dessus...) et ai pu envoyer quelques photos sur ce blog. De retour au pays et prenant mon courage à deux mains, j'ai affûté ma plume pour retranscrire aussi fidèlement que possible mes impressions, doublées de réflexions sur le Camino. Ci-dessous, le récit de mes pérégrinations et des photos pour chaque étape ...

CAMINO DEL NORTE (TOUTES MES ETAPES)



28/08/2012

J30 - 28/08 : Santa Irene - Santiago (20 km)

Concentration de pèlerins sur le Camino francès..
Trentième et dernier jour de marche aujourd'hui, ultime petite étape de 20 km sans aucune difficulté pour arriver à Santiago.

Départ à la madrugada, à la lampe de poche; On ne change pas un départ matinal gagnant... Arrêt à Pedrouzo pour un petit déjeuner matinal. Tout ici, des enseignes au devantures des magasins  rappelle que nous sommes sur "LE" chemin de Saint-Jacques et ici, visiblement, on vit du passage des pèlerins.  Et ce n'est plus une poignée de pèlerins comme sur le Camino del Norte... mais une horde de jeunes et moins jeunes au look différent de ceux "du Norte". Une plus grande fantaisie est au rendez-vous : du nounours qui accompagne la célèbre coquille au "vrai" bourdon de pèlerin, il semble que ces symboles ou ces attributs (c'est selon...) soient plus présents et importants sur le Camino francès. Sur le Norte, à part un sac à dos et parfois un discret coquillage, il est souvent difficile de faire la différence avec un 'vulgaire' randonneur....

L'entrée à Santiago de Compostella ne me fait pas la même impression qu'en 2008 lorsque j'avais parcouru la Via de la Plata & Sanabrès mais le chemin, son "esprit", les circonstances, les rencontres, les dynamiques... et moi-même sommes différents. Peut-être aussi une impression de "déjà vu" ou de déjà "vécu"... Certainement également le fait d'avoir marché moins avec moi-même et plus en groupe... Cela n'empêche, l'émotion est prenante en arrivant, en retrouvant aussi de "vieilles connaissances" perdues de vue depuis quelques jours ou semaines, un sentiment de chemin accompli, de traversée du désert peut-être aussi... Un mélange de beaucoup de choses difficilement discernables et descriptibles que (seuls) les pèlerins peuvent ressentir ici, sur cette place, face à la cathédrale; un sentiment difficilement explicable tant il est imprimé, non dans la tête, mais dans un corps en mouvement des semaines durant...

Je me passerai de "compostella" cette fois-ci, n'étant pas attaché au "symbole", au papier qui "confirme" que j'ai "fait" le chemin, compostella que je pourrais arborer fièrement à tous les incrédules... Ils n'auront qu'à lire mon blog ;-)

Abondance de touristes... J'ai comme un besoin d'air et de quiétude... Repas dans un resto à l'extérieur du centre-ville, mais pas de temps à perdre : il me reste quelques jours et ne souhaitant pas voir plus longtemps les hordes de touristes de Santiago, David et moi prenons le bus, direction Muxia... pour une journée de marche supplémentaire jusqu'à Fistera où je savourerai, outre la gastronomie galicienne, deux petites journées de repos...

FIN.


27/08/2012

J 29 - 27/08 : Sobrado - Santa Irene (25 km)

Sobrado dos Monjes à l'aube
Antépénultième journée. Départ à l'aube. Rien à en dire de plus si ce n'est :

 Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto - Carretera - Asphalto -.... et macadam jusqu'à atteindre le Camino francès.

Repos de pèlerins
Une fois sur "le francès", le nombre de pèlerins est démultiplié par un facteur dépendant de l'heure de la journée. Repas 2 km avant Santa Irene (9,50 €). Arrivée vers 17h00 dans un refuge privé (13€).


Bon à savoir :

La parcours que nous avons pris jusqu'à Santa Irene plutôt qu'à Arzua (sur le Camino francès) est une variante peu fléchée mais qui ne présente pas de grande difficulté :  A la sortie de Sobrado, prendre la route vers Arzua jusqu'au KM 10 (panneau). Arrivé à un carrefour, prendre à gauche puis directement à droite et marcher sur des km, tout droit, sur le macadam jusqu'à rencontrer le Camino francès.


26/08/2012

J28 - 26/08 : Deva - Sobrado dos Monjes (34 km)

Lever 6h00, départ 7h00, arrivée 14h00. Etape : 34 km. La fin approche, les notes sont de plus en plus courtes comme vous pouvez le constater ici...

Froid et humide ce matin pour le départ dans la brume qui persistera toute la matinée. Il faudra 2 pauses café pour nous réchauffer.

De superbes sentiers sablonneux avec quelques passages dans très beaux milieux naturels, magnifiés par la brume matinale. Je marche avec David, Fernando, ainsi qu'avec Francesc et Laura, un jeune couple de catalans.

Marche rapide, la météo, fraîche et humide, n'invite pas à flâner. Les kilomètres défilent ainsi rapidement... jusqu'à l'albergue de Sobrado dos Monjes tenue par des religieux.

Albergue de Sobrado deo Monjes : 5€
On est invité à manger par l'hospitalero que connait David d'un chemin précédent.



25/08/2012

J27- 25/08/12 : Vilalba - Hotel Deva (Eixere), 7km après Baamonde (27 km)

Aujourd'hui, une petite étape de 27km qui ne nécessite pas de courir car l'hébergement, une pension perdue en rase campagne (Eirexe ?) est réservé. La pluie du matin passera rapidement, laissant place petit à petit à un généreux soleil. Le profil du jour ne nécessite pas de grands efforts et foule à nouveau de beaux sentiers sablonneux bordés d'arbres tortueux et de prés. Nombreuses sont les maisons anciennes abandonnées, comme un peu partout dans les campagnes galiciennes...

Après 20 km, arrivée vers 13h00 à Baamonde où nous allons dîner au restaurant Galicia qui vaut le détour pour son cadre et sa carte (9,50€, menu del dia).

L'hôtel-pension Deva ProNatura , 7 km après Baamonde, est un lieu de quiétude et de ressourcement apprécié. Arrivée vers 16h30. Sieste 1/2 heure, washing...

Pension Deva ProNatura
Petit à petit, la fin du Camino approche avec un goût à la fois de satisfaction dû à la fatigue accumulée au fil des jours mais aussi d’appréhension de la fin d'un rythme et des moments partagés...

Bon à savoir :
  • Restaurant Galicia (Baamonde) à conseiller : 9,50€ menu del dia
  • Hôtel-Pension Deva ProNatura : 18€ / petit déjeuner (très frugal !) inclus. 
  • Possibilité de souper végétarien à Albergue-Pension Deva : 15€ mais pas du tout copieux aux dires de ceux qui l'ont testé.

24/08/2012

J26 - 24/08/12 : Gontan - Vilalba (22 km)

Petite étape de 22 km aujourd'hui qui débute, comme les jours précédents, sous la grisaille et la brume qui nous épargneront globalement la matinée.

Je débute la marche durant 2h avec David et Francesco retrouvés la veille mais petit à petit je ralentis la marche pour mieux profiter des paysages et être plus en communication avec moi-même. Les conditions sont favorables aujourd'hui pour une introspection...

Je retrouve les paysages de Galice de 2008 avec ses sentiers de sable clair grossier et ses dalles de schiste dressées qui délimitent les parcelles de terre. Les eucalyptus ont enfin disparu pour laisser place à une flore plus naturelle composée de châtaigniers et de chênes...

Curieux cimetière
En route, rencontre d'un curieux cimetière.

Contrairement aux deux étapes précédentes, pas de dénivelés, le terrain est plat.  22 km défilent ainsi rapidement. Arrivée vers 11h30. L'auberge se trouve à l'entrée du village, à côté de la croix-rouge. 48 places. A 100 mètres, un resto-bar à la carte très fournie...  Les combinaisons pour le menu del dia sont multiples...

23/08/2012

J25 - 23/08/12 : Xan Xusto - Gontan (29 km)

Mondonedo
C'est un peu "Pilgrims in the mist" aujourd'hui... Toute la journée, le ciel gris et la bruine accompagneront nos pas lents dans des paysages verdoyants, la plupart boisés d'eucalyptus et couverts de prairies à vaches.

Au programme : lever à 6h00, départ 6h30. Env. 29 km, 7h49 de marche, mon GPS est formel... Première halte, 4 km et 1 h plus tard à Vilanova de Lourenza pour une pause café et ensuite à Mondoñedo, un village qu'il me plairait de découvrir en d'autres temps, pour un petit déjeuner face à la Cathédrale de l'Assomption.

12 km ont ainsi défilé, reste 17 km qui débutent par une route peu fréquentée mais tout en grimpée sur près de 9 km jusqu'à Lousada.

Les hameaux composés de quelques maisons tristes et grises transpirent l'humidité ambiante ainsi que la bouse de vache. Pas de doute, on est en Galice : choux et horreos dans tous les lopins de terre. En chemin, on croise une famille d'allemand avec qui nous partagerons, nous ne le savons pas encore, l'hébergement à Gontan.

Arrivée vers 14h00 à Gontan, l'auberge affiche complet. Direction l'hôtel-bar à 100 mètres de là où nous prenons une chambre de 9 places pour 90 euros, soit 10€/pers; c'est le même prix pour des chambres de 2 (10€/pers). Et surprise, quand on rentre dans le resto s'y trouvent David et Francesco ! Je ne sais pas pourquoi mais jétais sûr que nos chemins se recroiseraient !


Bon à savoir :
  • Si l'auberge de Gontan est full, aller à l'hôtel-bar situé à 100 mètres. Chambre de 9 places pour 90 euros, soit 10€/pers.
  • Resto de l'hôtel, menu del dia : 9€


22/08/2012

J24 - 22/98/12 : Tapia - Gondan (Xan Xusto) (34 km)

Playa de Penarronda
Départ avant l'aube un peu chaotique, nous suivons malencontreusement les flèches et coquilles vers Tor alors que nous devrions suivre le chemin côtier. Nous sommes remis sur le droit chemin par une famille de randonneurs tout aussi matinaux que nous. On suit finalement en grande partie le GR-09 de la Costa.

Une journée nuageuse accompagnée de pluie et de bruine... Les éléments se déchaînent à hauteur de la Playa de Penarronda. On trouve refuge dans un bar, ouvert (YES !), à front de mer. La pluie, chassée par le vent, nous rend même visite sous la porte du bar... ce qui ne semble pas préoccuper le barman. Ambiance particulière ponctuée de moments improbables...

ENTREE EN GALICE AUJOURD'HUI !

Traversée du Ria de Ribadeo par le Puente de Los Santos et arrivée à Ribadeo qui marque l'entrée en Galice, dernière région à parcourir, après le Pays basque, la Cantabrie et les Asturies. Traversée de la ville où on en profite pour dévaliser une boulangerie de ses différentes variétés d'empanadas, véritables spécialités galiciennes : au bonito (thon), au bacalau, de carne...

Le paysage devient de plus en plus boisé et vallonné avec, par moments, une forte odeur de lisier. Malheureusement, l'eucalyptus est, ici aussi, omniprésent. Les 34 km de l'étape filent sans grande difficulté.

Santiago - 200 km
L'auberge de Gondan est fermée. Il faut téléphoner, est-il écrit sur la porte d'entrée. A l'autre bout du téléphone, on nous informe que cette auberge ouvre seulement quand celle de San (Xan) Xusto, située 2 km plus loin, affiche complet. Je marche sans grande conviction les deux km supplémentaires jusqu'à Xan Xusto. On est les premiers... L'auberge est propre mais rudimentaire. Et on y gagne au change par rapport à Gondan, car ici il y a un bar ! Plus tard arrivera une nouvelle, Ana, "l'indienne" comme on la surnomera, aux gambettes élancées comme une garzette. Las cervezas défilent suivies, comme il se doit maintenant par les chupitos du soir...

Bon à savoir :
  • Auberge de Xan Xusto, propre mais rudimentaire, 14 places, donativo.
  • Possibilité de souper au bar de Xan Xusto à 20h00

21/08/2012

J23 - 21/08/12 : Pinera - Tapia de Casariego (27 km)

Belle étape aujourd'hui où alternent les sentiers et la traversée des villages sans grandes sections de carreteras. La bruine apparaîtra quelques petites heures le matin, temps nuageux alternant avec le soleil.

A Porcia, deux possibilités : suivre le camino vers Tol ou prendre la variante vers Tapia de Casariego. Nous prendrons une troisième : le GR vers Tapia de Casariego composés d'avantage de sentiers. Beaucoup plus joli et proche de la mer !

Panera
En chemin, une drôle de battisse agricole avec des meurtrières. L'agriculteur passe, je l'aborde. Il m'explique, c'est comme un "horreos" mais c'est, me dit-il, una "panera" où il entrepose le mais et le foin pour les animaux en hiver. L'air y entre par les ouvertures et sèche les aliments sans qu'ils ne pourrissent.

Tapia de Casariego
Nous arrivons parmi les premiers vers 14h00 à Tapia de Casariego. L'auberge n'est pas vraiment propre mais superbement bien située avec une vue sur la mer. Menu del Dia (12 €) à la "Terraza".

20/08/2012

J22 - 20/08/12 : Canero - Pinera (22 km)

Luarca
Ce matin, le groupe se sépare avec des destinations, des horaires et des timings différents, de sorte que dans la précipitation, et la fatigue aidant, je me rends compte en me levant que je n'aurai même pas eu le temps de saluer mes amis David et Francesco, partis tôt, les premiers. Leur destination : La Caridad, une longue étape. Tandis que le reste à savoir Ivana, Silvia, Gianfranco, Jordi et Toni forment le groupe des "lève plus tard" avec un petit-déjeuner à 7h00 à l’hôtel. Notre destination : Pinera.

Bye Bye les amis... mais David, je ne sais pas pourquoi, j'ai comme le sentiment qu'on se reverra...

Albergue de Pinera
Départ 7h30, arrivée à Luarca et son port de pêche vers 10h30 où nos chemins se séparent également de Toni qui rentre à Barcelone. Émouvante séparation...

Aujourd'hui, heureusement, le parcours présente de nombreux sentiers et zones sans carreteras même si dans les villages, le bitume est également souvent roi. Avec les travaux de la A8 les routes  nationales sont bondées et les traverser ou les longer est particulièrement dangereux, particulièrement avec les camions vrombissants...


Albergue de Pinera
Arrivée vers 14h00 à Pinera, un hameau de quelques maisons. Nous sommes les premiers à arriver à la casa de Pilar, à l'entrée du village et à prendre les clés pour l'auberge située à 700 m de là... le long de la nationale ! Décidément,  elle ne nous lâche pas à moins que ce ne soit le contraire. Et pour couronner le tout, seules les fenêtres d'un côté de l'auberge s'ouvrent, les autres étant vissées. Je vous laisse deviner de quel côté elles s'ouvrent... A votre avis : côté jardin... ou côté route ? Poser la question c'est y répondre...

L'Albergue est heureusement globalement propre et spacieuse. Hier à la même heure, l'auberge était complète nous dira Pilar alors qu'aujourd'hui les pèlerins se comptent sur les doigts d'une main. Un jour n'est pas l'autre...

Après la douche, la sieste ! Car la fatigue et l'épuisement se font de plus en plus sentir au fil des jours...

Bon à savoir :
  • Albergue de Pinera, 20 places, 5€ (donativo). Inscription + clés à la casa de Pilar à l'entrée du village. Four microonde... mais pas de vaisselle.
  • Possibilité de souper à la Casa de Pilar.
  • Une tienda (petit magasin) vend un peu de tout non loin de la casa de Pilar (avant le village)

19/08/2012

J21 - 19/08/12 : Soto de Luina - Hotel Canero (31 km)

Canero
Départ à nouveau matinal (5h30). Etant donné l'obscurité, à la sortie de Soto, nous privilégions la carretera et non le "Camino antiguo" par Las Palancas qui traverse des forêts humides et d'eucalyptus qu'empruntèrent un peu plus tard Ivana et Gianfranco, camino qui s'avère tout à fait praticable contrairement aux indications du topo-guide.

Playa de la Cueva
Parfois des flèches invitent le pèlerin à quitter la carretera mais ces détours de courte durée semblent sans grand intérêt. Un de ces détours passe par la playa del Silencio, l'une des plus belles plages d'Asturies, et qui en d'autres temps mériterait que j'y fasse un détour. Mais, allez savoir pourquoi, nous parcourrons finalement de bout en bout la carretera. Et alors que l'indécision régnait au matin, finalement le groupe décide de rester à l'hôtel Canero. Le lieu est propice à se reposer : à quelques centaines de mètres de là, une plage de galets, la Playa de la Cueva...  J'en profite pour faire mon premier plongeon du séjour, après 21 jours de marche...

C'est perceptible, nous sommes tous épuisés après 3 semaines de marche. Cela se lit sur nos visages et cela se ressent également dans ma prise de notes qui est plus aléatoire depuis plusieurs jours... Comme vous pouvez le constater, les notes maigrissent au fil du blog...


Bon à savoir :
  • Le Camino par Las Palancas s'avère tout à fait praticable (sauf 1 ou 2 sentiers de terre) contrairement aux indications du topo-guide.
  • Hébergement Hotêl Canero dans un garage réaménagé : 7-8 lits, 12€/pers.
    Menu del dia : 10€

18/08/2012

J20 - 18/08/12 : Aviles - Soto de Luina (41 km)

Longue et éprouvante étape d'une quarantaine de km, soit 10 heures de marche, la plus longue réalisée jusqu'ici, qui nous force à nous lever et partir temprano, comme de nombreuses fois précédemment : lever 5h00, départ 5h30, arrivée 15h30.

Il nous faudra plus de deux heures pour sortir des faubourgs d'Aviles pour enfin découvrir une étape variée passant par des villages et des forêts... malheureusement essentiellement d'eucalyptus. Le soleil est toujours au rendez-vous mais vu notre départ hâtif, il n'aura que peu de prises sur nous.

La place de Soto de Luina
Beaux "rias" avec des milieux naturels aquatiques bien préservés... Longue descente de plus ou moins 6 km le long de la Nationale pour finir plus rapidement l'étape... Soirée cidre où je testerai le service de ce breuvage lors d'une soirée des jeunes organisée sur la place du village...

Bon à savoir :
  • Hostal Paulino à l'entrée de Soto : 15€/pers (prix de groupe).



17/08/2012

J19 - 17/08 : Gijon - Aviles (25 km)

Gijon à l'aube
En entrant dans les Asturies, j'avais presque oublié ce que pouvait représenter de marcher le long des carreteras...  Je suis dans mes pensées ce qui m'évite de trop râler sur le bitume qui revient en force aujourd'hui. L'étape du jour m'offre l'opportunité de m'en remémorer et de jouir, par contraste, de tous les moments passés et à venir hors asphalte.

La sortie de Gijon et l'entrée à Aviles sont marquées par la présence d'usines métallurgiques et d'un charroi incessant de camions sur près de la moitié de l'étape. Heureusement, la partie intermédiaire offre quiétude malgré l'odeur ambiante de la métallurgie qui imprègne les campagnes avoisinantes...

Ma tendinite se porte mieux, merci à la crème et aux anti-inflammatoires "dont je fais bombance" depuis hier. Je suis confiant : la selección qui anime par moment nos discussions n'aura pas de prise sur moi aujourd'hui. Pas encore, pas cette fois...

L'arrivée à l'Albergue d'Aviles vers 14h00 est donc une satisfaction tant pour les pieds que les oreilles ou les narines. Le centre piétonnier d'Aviles, sa Plaza de Espana et son parc voisin sont un refuge de quiétude apprécié après cette matinée épuisante...

Bon à savoir :
  • Albergue d'Aviles : 5 €, 50 places (lits superposés), douches...

16/08/2012

J18 - 16/08 : Villaviciosa - Gijon (29km)

Encore une très belle étape asturienne marquée ici par deux beaux dénivelés de 400 et 200 m, parmi les plus importants depuis le début. Les chemins sont à l'image des jours précédents, bucoliques. Les derniers km sont toutefois particulièrement éprouvants pour ma tendinite que je traîne depuis deux jours... Aussi, pour éviter que la selección n'ait prise sur moi, direction la pharmacie pour acheter des anti-inflammatoires et de la pommade dont je ferai une cure les prochains jours.

Gijon
Aujourd'hui, je retrouve mes amis et compatriotes Carmen & Jean-Yves, en villégiature ici, à Gijon. Visite du port, du centre de la ville, soirée savoureuse passée dans une cidrerie locale... Au menu, différentes sortes de tapas, histoire de goûter aux spécialités locales : chipirones, chorizo chaud au cidre, pommes de terre au Cabrales, un fromage asturien de caractère... Que dire de plus ? Quand l'estomac va, tout va...

15/08/2012

J17 - 15/08/12 : San Esteban - Villaviciosa (35 km)

La phrase du jour : "Alla donde fueres, haz lo que vieres" qui peut se traduire par "À Rome, fais comme les Romains." Dans quel contexte j'ai lu cette phrase, je ne le sais plus mais si j'ai bien compris, elle parle d'adaptation ce qui est bien nécessaire sur ce camino et les autres caminos de la vie...

Ce troisième jour dans les Asturies me réconcilie à jamais avec le Camino del Norte qui m'avait donné une impression de 'bof' avec la traversée de la Cantabrie. Après un départ sous une fine pluie intermittente vers 7h00, petit à petit, le soleil a vaincu les nuages pour nous offrir les plus beaux spectacles des deux semaines écoulées, entre terre et mer. Désormais les carreteras et leurs utilisateurs vrombissants sont loin et si l'asphalte n'a pas complètement disparu, elle n'est pas en mesure d'affecter le moral des troupes tant sont superbes les paysages et villages traversés.

Toutefois, mon corps atteint ses limites... J'espère me tromper mais je crains de développer un début de tendinite sous forme d'une douleur inconnue jusqu'ici dans la jambe droite. Aussi, l'arrivée à Villaviciosa est vécue comme une récompense que je savoure avec satisfaction. Peu avant, une halte à l'Albergue de Sebrayo avait permis de reposer ma jambe douloureuse mais quelques kilomètres avant d'arriver à Villaviciosa, je traîne littéralement le pied... C'est sûr, mon corps et mes pieds ne veulent aller plus loin aujourd'hui ! Demain est un autre jour et pour le moment je savoure la douche revigorante...

La tradition du cidre
La région des Asturies consacre le cidre et la favada, le plat traditionnel composé de fèves, comme arts de vie. Aussi nous ne faillissions pas à la tradition du cidre versé de manière traditionnelle. La technique consiste à verser le cidre à une hauteur d'un mètre dans un verre penché à 45° ce qui donne un cidre légèrement mousseux et bien oxygéné qu'il faut boire rapidement (et ne pas boire les dernières gouttes qui doivent être jetées) sous peine qu'il ne perdre sa saveur. Une technique que seuls les serveurs les plus aguerris peuvent réaliser.

Déjà en Cantabrie, les fruitiers étaient bien présents le long du camino avec figues (les premières de la saison), prunes, pommes... qui, d'ici quelques semaines, offriront leurs meilleurs saveurs aux pèlerins automnaux. Voilà une bonne occasion d'ailleurs, pour ceux qui en ont l'occasion, de préférer septembre aux mois d'été pour marcher sur "Le Norte". Plus étonnant, la présence de citronniers et d'orangers, permis pas un climat atlantique plus doux.

8 piliers, c'est un panera !
Apparaissent également les premiers "horreos", des greniers pour protéger les récoltes des rongeurs et de l'humidité. Ces horreos se présentent comme de petites constructions en bois de plan carré de 4 à 6 mètres de côté avec un toit à 4 pentes de forme pyramidale couvert de tuiles canal. Elles reposent sur 4 piliers de pierre qui l'élèvent au-dessus du sol. Mais il ne faut pas confondre "horreos" et "paneras". Ces derniers sont de construction parallélépipédique et reposent généralement sur 6 ou 8 piliers.
En fin de soirée, rendez-vous dans l'un des meilleurs restos du séjour, le Restaurant - Sidreria Campomanes, où pour seulement 10 € le Menu del dia composé de mets asturiens (soupe - entrée - dessert - vin) vous remets sur pied, ce dont j'avais bien besoin ce soir. Ambiance typiquement espagnole, serveurs sympathiques... Et un chupito pour terminer la soirée, que demander de plus ?

Bon à savoir :
  • Hotel "El congreso" : 10 €/pers (si groupe). Plaza del Ayuntamiento, 25. Tél : 985.891.180
  • Excellent restaurant - Sidreria "Campomanes" (10 € le Menu del dia ). Calle Campomanes, 1 - Bajo. Tél : 680.786.968

14/08/2012

J16 - 14/08/12 : Poo de Llanes - San Esteban de Lèces (35 km)

Départ matinal...
Poo, il est 5 heures... Pari perdu avec David : ce matin, il pleut, alors que mon téléphone intelligent (il est si intelligent qu'il fait tout bien... sauf téléphoner) et son application "Meteo Espana" prédisait du grand soleil pour les 5 jours ! L'enjeu du pari, una cerveza, que nous savourerons ensemble plus tard !

L'étape du jour, la seconde dans les Asturies, me réconcilie avec le Camino del Norte, après des dizaines et des dizaines de km de carreteras parcourus en Cantabrie, depuis Bilbao. Ici, encore quelques tronçons de ce maudit bitume mais rien à voir avec ce que nous avons du endurer précédemment... De beaux villages avec des maisons à balcons, des forêts de chênes et châtaigniers - et malheureusement beaucoup d'eucalyptus -, des chemins entre montagne et mer... Je revis !

Le temps est parfait pour randonner, ciel entre nuages et soleil accompagné d'une fine pluie matinale mais pas de quoi détremper un pèlerin !  Jusqu'à Nueva, je marche au radar avec un léger de tête. Maintenant je sais qu'il disparaîtra instantanément au premier cafe con leche. Aussi, à la première pause : ce seront deux cafés sinon rien !

Je rattrape Robert, la vingtaine, un allemand de Leibzig qui m'explique combien il apprécie le style de vie espagnol, chaleureux, vif, direct... loin de la froideur des gens du nord... Un sentiment que je partage également. Et plus loin, un couple d'anglophones lourdement chargé et accompagné de leurs enfants de 5 et 9 ans. 

L'auberge de San Esteban de Lèces comporte 38 places mais l'hospitalera, très sympathique, propose des matelas aux suivants. Pas de cuisine, jardin sympa, vue sur la mer au loin...

J'y retrouve Tara et Bart, les jeunes irlandais croisés une première fois à la sortie de Bilbao et qui, depuis, a eu toutes les difficultés pour obtenir des places dans les gîtes ou les pensions au fil des étapes. Ce qui les a même forcé à faire une étape de... 50 km aujourd'hui ! On y revient donc, au sujet principal qui me turlupine depuis le début, càd la difficulté de trouver un hébergement sur le Camino del Norte quand on n'a pas envie de courir et qu'on ne maîtrise pas la langue du pays. Chaque fin d'étape engendre un stress : logement ou pas ? A Santillana del Mar ils ont ainsi été forcé de dormir dans le jardin de l'Albergue, bercé toutes les heures par les cloches de l'église. Mais il leur reste toutefois quelques moments forts comme cette dame de 80 ans qui s'est démenée pour leur trouver un logement bon marché... Bienvenue sur le Camino del Norte !...


13/08/2012

J15 - 13/08 : Colombres - Poo de Llanes (22 km)

Bienvenue en Asturies !


Les Asturies marquent enfin le retour des sentiers et de beaux paysages en lieu et place des 100% carreteras de la Cantabrie. Mais ce serait trop beau si le pourcentage de carreteras pouvait tomber à zéro, d'autant plus que plusieurs tronçons d'autoroute sont en construction... pour le plus grand malheur des futurs pèlerins qui devront la subir de près ou de loin. Mais l'étape en vaut la peine, l'une des premières depuis Bilbao, d'autant que j'observe une superbe loutre (Lutra lutra) en train de pêcher dans un rio peu profond. A mon arrivée, elle ne demandera pas son reste galopant de pierre en flaque d'eau échappant ainsi à ma vue...

Los Bufones
Au départ de Colombres, direction Pendueles en suivant les flèches jaunes et ensuite, le GR E-9. Ce sentier traverse de très belles zones naturelles en direction du lieu-dit Los Bufones en bord de mer avec de superbes falaises et un curieux phénomène géologique (à découvrir via ce lien et cette vidéo). Superbe point de vue sur la mer et les falaises.

A Andrin, nous avons suivi, David et moi, les flèches du Camino qui malheureusement nous mènent à la Nationale et aux travaux de la A8 alors que le GR qui grimpait (fort) du centre du village vers le nord offre de plus beaux tronçons vers Llanes, notre destination. Autant le savoir et ne pas louper ce très beau tronçon de GR !

A Llanes, ville touristique, nous privilégions Poo de Llanes, situé à seulement 2 km. L'auberge, spacieuse et paisible avec son jardin-verger nous offre la quiétude nécessaire pour nous reposer et reprendre des forces. Et de discuter des étapes des prochains jours...

Bon à savoir :
  • A Andrin, privilégier le GR et pas les flèches jaunes du Camino (lire ci-dessus).
  • Auberge de Poo de Llanes, à 2 km de Llanes. Hébergement : 12,5 €. Souper : 7,90 €.

12/08/2012

J14 - 12/08/12 : Comillas - Colombres (*) (30 km)

(*) Comillas - Colombres en passant par la variante "Playa de Oyambre" -> San Vicente de la Barquera -> Serdio -> Unquera -> Colombres.

Pour la seconde fois, nous nous levons aux petites heures, à 5h00, pour profiter de la fraîcheur matinale avant les fortes chaleurs qui ne tarderont pas à nous assommer en fin de matinée. Nous avons bien failli resté emprisonné dans notre "carcel" (prison), la porte ayant été fermée à clé de l'extérieur par un pèlerin peu scrupuleux ou inattentif. Et qui dit prison, dit barreaux. Impossible de sortir par les fenêtres, au moins au rez-de-chaussée. Heureusement, Super Pilgrim, alias David, ne manquant pas de courage, sautera du premier étage pour nous délivrer !

San Vicente de la Barquera
Sous les conseils de l'hospitalera, nous emprunterons la version "bis" (voir "Bon à savoir"), plus calme et plus agréable, le long de la mer. Beaucoup d'asphalte encore mais les chemins deviennent plus agréables, se faufilant dans des paysages ondulés, plus verdoyants, avec les Picos de Europa au loin. Enfin de beaux paysages !

Le Camino passe à plusieurs reprises au-dessus ou le long de "ria", sorte de fjords ou de fleuve envahi par la mer qui sont autant de sanctuaires biologiques comme le Parc naturel de Oyambre.

Unquera marque la frontière entre la CANTABRIA et les ASTURIAS

Entre Cantabria et les Asturias
Le pont qui surplombe la Ria de Tina Mayor à Unquera marque la frontière entre la Cantabria et les Asturias. Après un peu plus de 8h et 30 km de marche, nous arrivons à Colombres caractérisé par quelques belles maisons de style indien.

Bon à savoir :

  • Privilégier à 5 km de Comillas, juste après le pont sur la Ria de la Rabia, la variante vers la droite en direction de la Playa Oyambre, plus jolie. Elle longe la plage de "El Sable de Meron" sur laquelle on peut marcher.
  • Dans le village de Pesués, peu après la fontaine, prendre un chemin vers la gauche (ne pas suivre les flèches) qui descend vers le chemin de fer. Là, suivre un chemin empierré parallèle au chemin de fer. Ce chemin de 2 km est un raccourci qui évite de longer la route asphaltée. Ce chemin fait partie, dixite des villageois, du "Camino Real" et a été dévié il y a quelques années pour des raisons inconnues.
  • A Colombres, deux hébergements possibles :
    1. Le Polideportivo (centre sportif), 3 €, lits pliables ou matelas sur le sol. Environ 20 places.
    2. L'albergue privado "El Cantu Devatur", 12 €. D'après un pèlerin  il était infesté de puces mais d'après d'autres, RAS, il était TB. A vous de voir...

11/08/2012

J13 - 11/08/12 : Santillana del mar - Comillas (22 km)

Lever matinal à 5h00 pour un départ sur les chapeaux de roues des carreteras à 5h30, après un petit-déjeuner éclair. Le but : arriver tôt à l'auberge municipale de Comillas pour éviter les heures caniculaires qui sont, aujourd'hui encore, annoncées.

Marcher à l'aube en évitant les chaleurs étouffantes et les voitures vrombissantes est une expérience qui m'a toujours enchanté et je savoure ce moment. C'est bercé par le chant du hibou petit-duc (scops) que défilent les premiers kilomètres. Faut-il s'en étonner, encore beaucoup trop de goudron sous les pieds mais les villages traversés commencent à avoir plus de charme que les précédents, avec quelques beaux édifices religieux.

Sans ma dose de caféine matinale, je marche néanmoins au radar. Il suffira d'un cafe con leche pris dans le bar d'un camping pour me remettre sur pied et fouler sans aucune difficulté les 10 derniers km jusqu'à Comillas. Comme Santillana del Mar, cette ville est touristique mais d'un tourisme différent dans le sens où ici, il n'y a pas ces dizaines d'échoppes qui se succèdent... Plus populaire, moins bourge je dirais...

L'albergue de Comillas, une ancienne prison (carcel), compte 20 places et pas une de plus ! Etant donné notre départ très matinal, nous arrivons les premiers vers midi, suivis de peu par "La légion"... Petit à petit, la file des sacs grossit et le 21ème et les suivants n'ont pas d'alternatives abordables dans un village touristique aux hébergements hors de prix, surtout un samedi de vacances d'été qui voit affluer des milliers de personnes. La gestionnaire de l'Albergue aimerait pouvoir accueillir d'avantage de personnes mais le règlement de sécurité ne le permet pas. On fermera toutefois les yeux sur ceux qui, arrivés bien plus tard que le départ de la gestionnaire, poseront leur tapis de sol dans la cuisine...

Que faire un après-midi à Comillas ? Visiter les quelques monuments touristiques comme le Palacio de Sobrellano et El Capricio de Gaudi. L'occasion aussi de goûter  les premiers "Empanadas" une spécialité qui se déclinera en d'avantage de variétés en Asturies...

Bon à savoir :
  • Auberge municipale de Comillas (20 places, 5 €/pers.)